LES BESOGNEUX

 

La France a le taux d'activité (rapport entre la population civile occupée et la population totale) le plus faible des quatre grands pays industriels : ce rapport se situait en 1994 à 51,6% au Japon, 47,2% aux Etats-Unis et 44,1% en Allemagne, soit une moyenne pondérée de 47,8%.
Il n'était en France que de 37,6%, soit 10% de moins !!!

En d'autres termes, un actif fait vivre 2,1 personnes en moyenne dans les trois grands pays industriels et presque 2,7 en France. Or parmi ces actifs la France a le plus fort taux d'emplois publics : 25%.
Comme nous avons par ailleurs également un taux de chômage record (plus de 6 millions de chômeurs officiels ou déguisés, cf. page
les exclus), la part de la population française qui "travaille" réellement, c'est à dire produit de la richesse, est la plus faible, et de loin, des pays industrialisés.

Il y a en France moins de 15 millions de besogneux qui constituent la polulation marchande et qui sont les seuls à créer de la richesse pour l'ensemble du pays.

Or la France reste malgré tout une puissance économique de premier rang, puisqu'elle est entre autre le quatrième exportateur mondial.

Le PIB de la France est d'un peu moins de 8000 milliards de Francs.
Il est produit par moins de 15 millions de personne, soit un ratio de création de richesse de 530 000 F par personne active et par an.

Pour l'ensemble des autres pays indsutrialisés, ce ratio est de moins de 400 000 F par an.

La population marchande française est de 25% plus productive que celle des autres pays industrialisés.

 

Le schéma ci-dessous présente la répartition de la population en France telle qu'elle est décrite ci-dessus :

 

Il va de soi que pour atteindre un partei niveau de performance, la population française marchande doit travailler plus et mieux afin de subvenir aux besoins de la majorité improductive.

La ponction de la vache à lait marchande par la fermière France se fait au travers de charges sociales plus fortes que partout ailleurs (46% du salaire en France contre 10% en Angleterre), d'impôts divers, de contributions sociales ou de solidarité, etc.

Pour être concurrentiel avec l'étranger, un Français doit être 25% plus productif.

Il va de soi que pour surmonter un pareil handicape, nous sommes forcés de travailler lus et mieux.
Si une bonne partie des cadres français du secteur marchand doit rester au bureau une ou deux heures de plus que son homologue anglais, allemand ou américain, ce n'est donc pas à cause d'une "pression de la concurrence mondiale et des actionnaires exploiteurs", mais bien à cause du handicape que réprésente l'Etat obèse que nous sommes seuls à devoir surmonter.

 

Le texte ci-dessous, extrait de la note de Jean Choussat (inspecteur des finances et collaborateur de Beregovoy) sur les 500 000 fonctionnaires de trop, donne une petite idée de l'évolution prévisible de cette exception française si se poursuit la tendance actuelle :

"Depuis vingt ans, tous les ajustements économiques et sociaux rendus nécessaires par l'aggravation de la crise, par l'ouverture des frontières européennes, par la mondialisation de l'économie, par l'essor de nouvelles technologies, ont pesé exclusivement sur le secteur privé. Dans un contexte économique marqué par des licenciements, des plans sociaux, des baisses de salaire, des blocages de promotion, des délocalisations, bref par une recherche frénétique de productivité par les entreprises, les effectifs publics ont tranquillement continué à croître: 570 000 en plus de 1975 à 1980, 386 000 de 1980 à 1985, et encore 112 000 de 1985 à 1990, soit plus d'un million d'agents supplémentaires (on observera simplement - faible consolation - que, contrairement à une légende, les augmentations massives d'effectifs ne sont pas dues aux socialistes, mais à leurs prédécesseurs: le taux de croissance annuel moyen a été de 3,2% entre 1960 et 1970, de 3,1% entre 1970 et 1980, et de 1,1% «seulement» entre 1980 et 1990). Dans le même temps, le pouvoir d'achat des fonctionnaires (y compris le «glissement vieillesse technicité» - GVT - c'est-à-dire l'effet de l'ancienneté) s'améliorait régulièrement, sous l'effet, entre autres, de mesures catégorielles de grande ampleur (protocole Durafour notamment)."

.../...

"Versons une nouvelle pièce au dossier. Il s'agit d'une étude de l'OCDE, portant sur la «variation entre 1979 et 1995 du nombre de chômeurs, d'inactifs, d'emplois privés et publics en pourcentage de l'augmentation de la population d'âge actif (15-64 ans)».
Résumons ses constatations: chaque fois que la population d'âge actif a augmenté de 100, les pays du G 7, pris dans leur ensemble, ont créé 68 emplois privés, 11 emplois publics, 18 chômeurs, et 3 inactifs; l'Allemagne affiche respectivement 32, 10, 34 et 24;
quant à la France, elle a détruit 18 emplois privés et créé 27 emplois publics, 45 chômeurs, et 46 inactifs... Voilà le bilan de quinze ou vingt ans d'une politique de l'emploi qui a superbement ignoré la sous-productivité chronique de l'emploi public."

L'ensemble de cette note est accessible depuis la page "La France au service de son administration".

Résumé :
La création d'un emploi public détruit en moyenne 0,66 emplois privés et créé 1,66 chômeur et 1,70 inactif.
A titre d'illustration la création de 350 000 emplois jeunes dans la fonction publique va donc entraîner la destruction de 230 000 emplois privés et va créer 580 000 chômeurs de plus. Merci Aubry.

 

Pour surmonter un handicape de compétitivité de 25% aujourd'hui, 30% et plus dans les prochaines années, il faut des gens très forts. Et les Français ont beau être les plus intelligents du monde, tous ne sont pas capables d'atteindre pareil niveau de performance.
Tout le monde ne peut donc prétendre avoir sa place dans le privé. Pour pouvoir survivre, les entreprises françaises sont en effet contraintes d'exiger de leurs salariés un niveau de performance tellement élevé qu'une sélection naturelle s'impose. Et d'année en anné les critères de sélection sont de plus en plus élevés, et donc la part de la population susceptible de trouver une place dans le privé est de plus en plus faible.

Encore une fois, et tant pis si je me répète, cette pression qui pèse sur les salariés n'est ni celle des actionnaires ni celle de la concurrence, mais avant tout celle de l'Etat. Il est bien entendu facile à des médias à la botte du pouvoir de masquer cette réalité et de mettre sur le dos de la mondialisation et autre World Company cette situation.
Pratiquer la politique de l'autruche ou plus grace encore de la désinformation ne nous permettra pas hélàs d'améliorer la situation, mais permet pour quelques mois ou quelques années de reporter le problème. Et quelques mois ou quelques années, cela correspond assez bien à l'horizon de nos hommes politiques. Après eux le déluge...

L'action des gouvernements succéssifs, celui de Jospé comme celui de Juppin, va dans le sens d'un accroissement de cette pression et donc d'une augmentation permanente des critères de sélection.

Mais tant que nous refuserons d'ouvrir les yeux, de faire preuve d'honnèteté, d'intelligence et de bon sens, les choses continueront à s'agraver.
Si vous aussi vous voulez sauver les secteur privé, si vous ne voulez pas d'une faillite à la soviétique d'une économie administrée, alors faites comme moi, réagissez.

 

L'exemple ci-dessous est celui d'un cadre moyen célibataire, ingénieur par exemple, dont le salaire est de 220 000 F bruts annuels.

    Montant initial Solde

Calcul du salaire

 

Salaire payé par mon patron

319 680 F

 
 

dont charges patronales

98 880 F

 
 

dont charges salariales

50 388 F

 
 

Salaire net perçu

 

170 412 F

       

Calcul des impôts directs

   
 

Impôts sur le revenu, CSG, RDS, …

25 000 F

145 412 F

 

Taxe habitation

4 000 F

141 412 F

 

Vignette auto

560 F

140 852 F

       

Calcul des impôts indirects

   
 

Quelques amendes

1 500 F

139 352 F

 

Taxe sur l'essence (5F par litre, 15000 km)

7 500 F

131 852 F

 

Taxe sur les cigarettes (200 paquets / an)

3 000 F

128 852 F

 

Montant TVA sur le reste dépensé

26 544 F

102 308 F

 

Taxe sur l'épargne (10 000 F plues values)

2 500 F

99 808 F

Solde après prélèvements

 

99 808 F

Taux de prélèvements obligatoires

 

69%

Ce calcul non exhaustif aboutit donc à un taux de prélèvements obligatoires de 70% environ.

En contre-partie, que m'offre l'Etat :
- Contre 29 000 F de cotisation retraite, rien. Cette cotisation sert en effet à payer les retraités actuels. Comme nous savons que le système actuel par capitalisation aura explosé d'ici quelques années, il me faudra épargner pour assurer la mienne.
- Contre 42 000 F de cotisation maladie, 30 F. C'est le montant qui m'a été remboursé contre une paire de lunettes payée 2000 F. Merci le meilleur système d'assurance santé du monde. Je remarque tout de même que bien que cotisant 4 fois plus que la moyenne nationale, je suis plutôt moins bien remboursé que la moyenne. Preuve, s'il en était besoin, que les cotisations maladie sont bien un impôt comme les autres.

Alors que tous les connards qui parlent de solidarité aillent se faire voir. Merci, j'ai donné (220 000 F cette année).
Quant à ceux qui prétendent qu'il y a de la richesse en France mais qu'elle n'est pas bien partagée, je suis désolé de leur répondre que quand il m'auront pris mes 30 derniers % et qu'il ne me restera plus rien, cela n'aura pas changé grand chose à leur sort. Mais moi, ce jour là, je serai parti "over sea" dans un pays honnête. Et il ne me prendront plus rien.

 

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Révision : 17-12-1997.